Certains disent, du bout des lèvres pour ne pas me froisser, que je suis fou. J’en arrive à croire qu’ils pourraient avoir raison. Lisez ceci. L’histoire commence en Novembre. Annick qui doit savoir que je le suis me propose une place dans une équipe pour réaliser le Raid28. C’est une course d’orientation de 80km théorique le 20 janvier. La date n’est pas choisie par hasard. Les organisateurs (bien plus fou que moi) savent bien que la période est propice aux conditions climatiques difficiles et l’ont choisie pour cela. L’Edition 2013 dépasse leurs espérances dans le domaine. Je m’insère donc dans cette équipe sans grande préparation physique et sans connaissance technique de la discipline. La CO consiste à suivre un itinéraire jalonné de balises équipées d’une pince permettant de poinçonner un carton attestant de notre passage et de PC, points de passage obligé contrôlé par l’organisateur. L’équipe se compose de Bernard connu depuis Paris-Londres, Jean-François, personnage du raid28 puisqu’il a couru toutes les éditions précédentes, Marc du JDM, tous 3 expérimentés en orientation. Annick et moi sommes donc les candides débutants en plus d’être les juniors (si si). Les balises « vertes » dites faciles sont situés sur l’itinéraire et sont obligatoire (des pénalités horaires sont comptabilisées pour toutes balises non poinçonnées). Les balises « bleues », plus difficiles donnent droit à des bonifications. Quelques sorties d’entrainement ont permis de régler succinctement notre dispositif. En CO par équipe, chacun occupe une fonction précise, qui pour certaines peuvent varier lors de la course. Les orienteurs indiquent le chemin à suivre. Le pointeur court jusque à la balise dont les orienteurs donne la localisation la plus précise possible. Souvent toute l’équipe se met à fouiner pour découvrir la balise, surtout la nuit. Si certaines balises sont sur le bord du chemin, d’autres sont cachés sous un pont, sous un rocher, derrière un arbre… Aussi la neige et l’obscurité n’aide pas à les découvrir. Enfin, une personne est chargée de lire les instructions notées sur un road book remis au départ. Cette personne tient aussi le chrono pour décider de l’opportunité d’arrêter la recherche d’une balise difficile, de faire l’impasse sur des balises vertes, ou au contraire de tenter une bleue. Elle s’enquiert aussi de l’état général de l’équipe et tranche les désaccords. Les 3 vétérans s’attellent à l’orientation, Annick sera notre capitaine et garante de notre cohésion, je cavalerai de balise en balise car je suis jeune. C’est ce qu’ils disent. Le rôle me convient, il me laisse à l’écart des discordes liés au choix du « bon » chemin à prendre. Samedi 21 heures dans un gymnase de Maintenon, l’organisation donne road book et cartes à Annick. Nous nous empressons de matérialiser les définitions de chaque balises en un point sur la carte. 15 minutes sont nécessaires pour reporter les points correspondants à 3-4 heures de course. Je ne vous décris pas l’itinéraire suivi dans les contrées lointaines entre Maintenon et Rambouillet, je ne connais pas et la nuit n’aide pas à en retenir des images. Par contre, il neige et vente depuis le départ. L’accès au gymnase de Rambouillet où l’organisation a placé un PC et l’unique ravitaillement en eau nous est interdit et nous devons « reporter » les balises suivantes sur nos cartes dans le froid et à peine abrités du vent. L’itinéraire longe ensuite l’hippodrome et rejoins l’étang d’or. Je reconnais malgré des conditions bien différentes une portion parcourue lors d’un entrainement Paris-Londres. Nous perdons du temps à trouver notre chemin dans Vieille-Eglise. Ne croyez pas que les traces laissées dans la neige par les équipes nous précédant soient utiles, il y en a dans tous les sens. Le jour se lève dans le fond de vallée sur l’arrière de l’abbaye des Vaux de Cernay. C’est à la fois beau et lugubre. Maincourt, Le Mesnil St Denis, la foret de Port Royal, Voisins, Chateaufort, Villiers, Aigrefoin, un dernier PC sur notre petit bassin d’échauffement. Bures. Nous arrivons épuisés, endoloris, assoiffés, gelés (givrés ?) à 16h15 dimanche au gymnase de la fac. 15 minutes après le temps limite, mais 15 min avant l’élimination, et au complet. Sur les 21 équipes (5 personnes dont au moins une fille), 14 terminent au complet et dans les temps. Nous sommes 13 eme parmi celles-ci . Au-delà du classement au demeurant très satisfaisant de mon point de vue, la satisfaction d’avoir honoré ma place dans une équipe de vieux routards aguerris et d’avoir bravé des conditions dantesques. Il n’a pas cessé de neiger pendant les 19 heures que nous avons passé dehors. Il n’a jamais fait plus de 0°. Nous avons eu le vent du nord dans le nez toute la nuit dans les plaines. Nous avons glissé sur les pentes raides à Cernay, à Magny, à Aigreffoin, pataugé dans des ruisseaux parfois jusqu’à mi cuisses pour passer par exemple sous le pont de la Mérantaise à Chateaufort. L’avantage c’est l’impression de chaleur qui suis quand on en sort de l’eau froide. 92 km parcourus ainsi alors que j’aurai pu être comme vous sous la couette, devant la cheminée ou la télé. Alors fou Christophe ? C’est impressionnant la variété de discipline que comprend la course à pied. La CO en fait partie et je crois que comme toutes les autres que j’ai essayées avant, Marathon, rando-course à étapes, trails de montagne, je suis tombé amoureux. Christophe, suite ici récit d'Annick
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