RETOUR ACCEUILLa PTL est le fruit d’une idée délirante de Jean-Claude Marmier, une figure de Chamonix. Une course autour du Mont-Blanc qui passe sur les hauts massifs l’entourant. Près de 300km et 30000m de dénivelé, des cols et des sommets à 3000m d’altitude, un maximum de passages techniques à la limite de l’alpinisme, des névés, des glaciers, des pierriers à gogo, parfois exposés. Cette course se fera en 142h maxi. On participe à cette course par équipe de 2 ou 3. Philippe, Christian et Christophe ne réfléchissent pas longtemps, pas assez, pour s’y inscrire. Le succès nécessite une sérieuse préparation physique, du matériel adapté, une étude et une reconnaissance du parcours, et une bonne cohésion d’équipe. La panoplie classique du trailer (bandana lunettes profilés et tout le toutim) doit être complétée par des bâtons solides, un grand sac pour y glisser plus de 6kg de matériel obligatoire. Des vêtements chauds, étanches, de rechange, frontales, couverture de survie, mini pharmacie, et même des crampons pour les passages en glace, … et jusqu’à un abri de fortune à partager. En outre, des sacs contenant du change seront à disposition sur 3 des 4 bases de vie reparties sur le trajet. La préparation physique comporte quelques participations à des trails longs (110km de l’Yonne, 87km de la Barjo ). En outre, quelques sorties spécifiques dans les vallons de la vallée de Chevreuse ou aux 25 bosses de Fontainebleau. Enfin, la reconnaissance du parcours sera le point d’orgue de la préparation. Philippe aura reconnu dès le mois de Juin le trajet Brevent-Salenton, ainsi que Buet-Grandes Autannes. Nous irons tous 3 en Juillet reconnaitre Orsières-Rogneux-Bourg St Pierre-Champillon. Christian et Christophe Buet-Mont Buet via Salenton et Buet-Balme. Christophe ira seul faire Ouillon, Enclave, Mont Joly. L’impasse sera faite sur la partie Italienne qui est moins accessible. En Juillet, lors de la reconnaissance, peu après le mont Rogneux, nous rencontrons Christophe (un autre) et Franck, eux aussi sont inscrits à la PTL2014 sous le nom des « C-Tranquilles », mais surtout finisher de la PTL2013. Nous partagerons la montée au col de l’Ane, ainsi qu’un repas à l’hôtel du Crêt qui sera une des bases de vie. Nous en tirerons de nombreux conseils à l’inestimable valeur, mais aussi un peu d’angoisse devant la réalité qui sera bientôt la nôtre. C’est aussi ici que la mort de Jean-Claude Marmier nous est annoncée. Le 25 Aout, sacs de décharge, dossards, briefing, GPS, pasta party occuperont une large part de la journée si bien que Christian est déjà stressé. A 17h30, nous y sommes, après 6 mois de préparation et une longue journée de formalités, le départ est donné. Nous avons notre minute de gloire, la traversée de Chamonix se fait sous les applaudissements de milliers de touristes, mais rapidement la foule se clairsème lorsque la pente devient franchement raide. Nous étions montés au Brévent l’avant-veille pour nous dégourdir les jambes et nous ne sommes pas impressionnés par les 1300 m de cette première montée. Les problèmes commencent lors de la descente du col du Brévent. L’équipe super sympa des PIMS nous indique que c’est courable. Voyons donc, je tombe dans les premiers mètres de descente, Christian à 2 reprises dans les 10km suivants ( à cet instant nous ne savions pas que cela handicaperait Christian mal de dos et surtout un engourdissement de la main gauche m'obligeant à jouer les nounous ). Nous devions absolument nous écarter d’une dame anglaise très bavarde. Nous aurions dû la laisser partir plutôt que de tenter de la semer ! Nous allumons les lampes peu avant le refuge d’Anterne. La montée au col de Salenton se fait sans difficulté même si nous ne connaissons pas ce versant. De l’autre côté, la descente de nuit est plus délicate que lorsque nous étions allés au mont Buet un mois plus tôt, mais la proximité de nombreuses équipes facilite l’éclairage et le repérage. La température est agréable et nous espérons que la pluie annoncée n’arrivera pas avant d’être en bas. Les premières gouttes tombent à la cascade de la pierre à Berard et nous faisons une pause repas sous l’abri bus de Buet. La montée au col de Balme est un cauchemar. La pluie s’est intensifiée et le vent violent fait son apparition en altitude. Christian est frigorifié. La Gore Tex n’a pas suffisamment rempli son rôle. Nous avons trop tardé à enfiler nos capes étanches, sorte de sac poubelle amélioré. Christian me dit que sans moi il aurait abandonné à Buet. Je ne comprends pas si je suis un élément de motivation, ou au contraire de torture ? Je garde la question pour moi ? A la gare du télécabine de Vallorcine, Christian se change complètement , il est trempè des pieds à la tête mais malheureusement pour lui être au sec restera un rêve jusqu'à Champex . Au col de Balme, le vent est de 70km. L’organisation nous interdit logiquement les Grandes Autannes. Des équipes stationnent et s’agglutinent à l’abri de la bicoque du col. Je ne marque même pas d’arrêt tant il me semble urgent de descendre. La traversée pour rejoindre Grands est fastidieuse, le sentier glissant et étroit. Christian peste : « putain de sac (qui scie l’épaule), putain de Goretex (qui fuit), putain d’organisateurs (qui nous font passer n’importe où), putain de lampe (qui n’éclaire pas), putain de pierre qui se met devant le pied), putain de bâton (qui se coince) ». Je suis épargné par les jurons et j’apprécie. Le jour se lève mais nous ne pourrons pas profiter du panorama sur le glacier de Trient tant le ciel est encore bouché. La pluie diminue mais le vent reste très fort. Vers 9h, au torrent du Trient, Lucio, le guide de l’organisation nous interdit maintenant le passage de l’Arpette car la tempête sévit toujours. Nous devrons faire le détour par le col de la Forclaz et Bovine. Cela nous fera moins de dénivelé pour rejoindre Champex, notre première base de vie, mais que de distance en plus ! Peu avant Champex nous refusons sportivement à deux automobilistes leur proposition de nous transporter. Nous sommes un peu déboussolés sur cette route et la simple confirmation de la direction suffit presque à notre bonheur. Mais c’est surtout la perspective de nous mettre au sec, de manger et nous reposer qui y contribue. La tente de l’UTMB est comme un oasis dans le désert. Nous sautons sur notre sac de décharge en espérant bien y trouver l’attirail qui convient. Nous sautons aussi sur la nourriture à profusion, c’est surtout les spaghettis bolognaises qui sont bienvenues. L’arrêt de la pluie est annoncé pour 16h. Inutile de repartir avant. Le moral est très bas.
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RECIT DE CHRISTOPHE LA PETITE TROTTE A LEON DU 25 AOUT AU 31 AOUT 2014
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