RETOUR ACCEUIL Nous sommes 700 à nous blottir derrière un bosquet d'arbre à l'abri du vent et de la fine bruine qui nous transperce déjà avant que le départ ne soit donné de cette épreuve de 68km. Le petit déjeuner pris à l'hôtel 2h plus tôt en compagnie d'Eliane, Christian, Annick, Martine, Pascal, Philippe et Corentin est déjà loin. Nous retrouvons sur l'aire de départ Laurence, Kinnary et Bernard. J'apercevrais Soizic, Elsa et Doudou venus nous encourager en attendant le départ de la "petite" (32km). Cela ressemble à un petit Paris-Londres de part les participants. Bref, nous courons 1 km dans l'arène avant de partir dans les foret épaisses, sombre et humide du Limousin. Humide surtout . La meteo annonce des éclaircies pour l'après-midi, mais après quelques kilomètres nous avons pris le pli et de toute façon les perspectives d'éclaircies s'éloignent au fur et a mesure de notre progression. Les 8 premiers kilo sont plat et permettent une mise en température progressive. Les 60 restants ne seront que côtes et descente. Je sors donc les bâtons à l'occasion de la première montée et ne les quitterais plus avant le 67eme. Ils seront d'une aide certaine dans les côtes mais permettent d'améliorer l'adhérence quand les semelles ne font plus ce que les pieds leur demandent. Et ce sera fréquent. Notre terrain, ce sera la boue. De toutes les couleurs, de l'ocre au noir et de toutes les consistances. Les esquimaux ont des dizaines de mots permettant de qualifier l'état d'une neige, je ne doute pas que le patois limousin soit aussi riche pour qualifier sa gadoue. De la légère, de la molle, de la liquide, de la lourde, même parfois plusieurs couches, la première glissant bien sûr sur la seconde, sans savoir bien sûr son épaisseur. Le paysage de Limousin est sans doute très beau sans pluie et sans brouillard. J'etais plus concentré sur les pieds du coureur devant moi qui me donne beaucoup d'indice pour savoir où et comment mettre les miens lors de la prochaine foulée. Les bâtons permettent parfois un contrôle anti-chute et même parfois un contrôle de trajectoire comme à ski. Je pars avec Annick sans que nous ayons fait de plan de course particulier. Nous courons quelques temps avec Laurence, Kinnary et Bernard qui ont eux prévu de faire l'intégral groupés. Annick est en grande forme et m'entraîne dans son allure de marathonienne. Vers le km15, les coureurs sont déjà bien dispersés quand un raidillon de quelques mètres équipé d'une corde nous impose de faire la queue. Le groupe Laurence n'est que quelques personnes derrière et nous nous permettons quelques blagues. L'ambiance est bonne. Nous les reverrons encore au ravitaillement du km20. Nous ne traînons pas car il fait vite froid aux arrêts. Annick me tire toujours et je commence à me dire qu'il faudra bien baisser le rythme si je veux finir. Mais le moral est bon, et ce terrain me plaît. (ben oui) Je refais le plein du camel vers km 33. Peu après lors d'une longues descente très technique je vois Annick disparaître derrière moi, coincée par des coureurs prudents. Je pensais qu'elle recollerait un peu plus tard sur une cote suivante, mais au ravito du 43, lorsque je dois repartir pour ne pas prendre froid elle n'est toujours pas là. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé et elle pourra toujours s'amarrer au groupe Laurence/Kinnay/Bernard. Je n'ai aucune idée de la position de Philippe et Corentin et je me résout à finir seul. Le téléphone sonne vers le 50. Je rappelle Christian au ravito du 53. Il a fini son "petit" 32 haut la main. Il voulait des news en live, et surtout savoir à quelle heure nous attendre sur la ligne car d'éclaircies annoncées, point il n' y aura, il regagnera l'hôtel pour ne revenir nous accueillir et nous acclamer qu'au moment opportun. La fin de parcours se déroule sans encombre mais je compte les kilo de plus en plus rapprochés. Un riverain offre du café aux coureurs et j'en prends une tasse avec grand plaisir. Un dernier ravitaillement improvisé vers le 60 est très bien venu car j'entamais mes réserves de sécurité. La dernière montée est faite de quelques marches menant a une chapelle dans le dernier kilomètre. Il n'y a guère que là que quelques spectateurs ont bravé les conditions meteo. Puis les silhouettes et le sourires d'Eliane et Martine en arrivant sur le site d'arrivée annoncent une fin toute proche. Et enfin le tapis violet de la ligne d'arrivée. Environ 10h15 pour 68km, 2200m de montée. Cet été à l'UTMB je n'aurais que 26 heures pour 103 km et 6000m. C'est pas encore fait. Mais au-delà du chrono, je suis satisfait par les sensations et par de la maîtrise de l'alimentation, du tempo et du matériel. La confiance c'est déjà la moitié du succès, et je l'ai. CHRISTOPHE
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